Santé Magazine : À quoi sert la "kiné" respiratoire ?
Pierre Grandet : La kiné respiratoire est avant tout indiquée dans le désencombrement bronchique dans les maladies obstructives comme la mucoviscidose. Dès la naissance, les enfants "muco" ont tous les jours des séances de kiné respiratoire. Nous intervenons aussi dans la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive). De plus en plus d’insuffisants respiratoires ont besoin d’un kinésithérapeute pour désencombrer leurs bronches et les aider dans leur réadaptation à l’effort. Nous sommes également chargés d’installer les systèmes d’assistance respiratoire, la ventilation non invasive, en cas de BPCO, de myopathie, de sclérose latérale amyotrophique…
La kiné respiratoire a été remise en question dans la bronchiolite du nourrisson. Qu’en est-il ?
Dans tous les services de pédiatrie, on continue de prescrire la kiné respiratoire. Aujourd’hui, il y a un consensus pour dire qu’elle est efficace, qu’elle soigne les symptômes de la bronchiolite et évite les complications, mais qu’elle ne raccourcit pas la durée de la maladie. Cette année, nous avons eu une importante épidémie de bronchiolite avec un virus très inflammatoire et beaucoup d’enfants ont été hospitalisés.
Cette technique est-elle douloureuse et peut-il y avoir des complications ?
Elle ne doit pas être douloureuse et il n’y a aucune raison d’avoir des complications. La kiné respiratoire ne doit pas faire pleurer les bébés, ni d’ailleurs les adultes. C’est une question de formation.
Dans quel domaine avez-vous les meilleures preuves scientifiques de son efficacité ?
Nous avons le niveau de preuve le plus élevé dans la BPCO. Dans cette maladie, la kiné respiratoire est le point clé du traitement, d’autant qu’il n’y a pas d’autres stratégies à proposer. Ces patients ont les poumons abîmés. Ils sont de plus en plus essoufflés. Leurs capacités de mouvement sont réduites. La réadaptation avec un kinésithérapeute les améliore considérablement